Page 35 - Les chemins de fer impériaux d'Alsace-Lorraine (extraits)
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À peine nés, les chemins de fer suscitent l’intérêt des
1914 : dans l’idyllique vallée de Munster, le bruit du canon militaires, lesquels réfléchissent à leur emploi en cas
couvre désormais le chant des oiseaux. de conflit. En Allemagne, le Major Helmut von Moltke
Là où les Alsaciens venaient le dimanche par le train évoque cette possibilité dès 1836. Quelques années
admirer les rivières sauvages, les lacs et les chaumes, plus tard, en 1848, il développe ce thème dans une
Français et Allemands s’entre-tuent. Les installations publication conséquente. À force de persuasion, il
ferroviaires ne sont pas épargnées comme en témoigne
le triste état de la gare de Muhlbach, dernière station réussit à faire admettre son point de vue : l’utilisation
avant le terminus Metzeral. des chemins de fer par l’armée doit être préparée en
temps de paix et non improvisée durant les conflits.
Der Erste Weltkrieg ist die Urkatastrophe des 20. Jahr- La politique expansionniste de la Prusse permet de
hunderts. Jahrzehntelang hat sich Europa wirtschaft- passer de la théorie à la pratique et les premiers ensei-
lich, wissenschaftlich und sozial entwickelt. Diese „gol- gnements démontrent la clairvoyance de Moltke. En
dene Zeit“ erlebt mit dem Krieg ein jähes Ende. Jetzt wird 1866, lorsque la Prusse entre en guerre contre l’Au-
ein Blutbad mitten in Europa angerichtet und Elsaß- triche et ses alliés d’Allemagne méridionale, les che-
Lothringen wird zum Kriegsschauplatz. Im malerischen mins de fer sont mis à contribution par les militaires.
Münstertal – hier der Bahnhof Mühlbach – donnert die Mais c’est surtout lors de la guerre franco-prussienne
Artillerie und in das einst beliebte Ausflugsziel werden de 1870-71 que les Allemands démontrent brillam-
Schützengräber gebaut.
ment l’intérêt des chemins de fer dans la conduite
d’un conflit armé. Entre le 16 et le 26 juillet 1870, les
chemins de fer allemands assurent sans encombre le
transport d’un demi-million de soldats vers le front,
donnant aux troupes coalisées un avantage décisif.
Nous avons évoqué précédemment les déboires fran-
çais en la matière.
À l’issue de la guerre de 1870-71, l’état-major allemand
se sent évidemment conforté dans son approche et
tente d’accroître son influence sur toutes les questions
touchant au développement des réseaux ferroviaires.
Au fil des années, cette ingérence se renforce d’autant
plus que la probabilité d’une guerre menée sur deux
fronts s’accroît. Dans cette hypothèse, la mobilité des
troupes entre les frontières occidentales et orientales
de l’Empire devient en effet un facteur critique.
Mais quel rôle précis joue l’armée en temps de paix ?
Concrètement, les militaires agissent sur quatre
plans : l’élaboration des plans de mobilisation, la vali-
dation du tracé des nouvelles lignes projetées, l’amé-
lioration de la capacité des lignes existantes ainsi
que la construction d’installations spécifiques aux
besoins militaires.
Pour mener à bien ces tâches relativement complexes,
l’État-major s’appuie sur une organisation adminis-
trative spécifique.
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