Page 40 - Les chemins de fer impériaux d'Alsace-Lorraine (extraits)
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LA GUERRE ET LA FIN DU RÉSEAU
L’Armistice
Alors que débutent les premières négociations, les auto- décisives. Aussi, il incite ses collègues à rassurer leurs
rités organisent les transports de démobilisation pour subordonnés, à faire preuve de confiance et d’esprit de
rapatrier les millions de soldats stationnés au front. Les sacrifice, mais de faire preuve aussi de pédagogie en leur
premiers trains traversent le réseau à la mi-octobre : expliquant que le peuple allemand a été attiré malgré lui
ils transitent notamment par les postes frontières de dans cette guerre qui trouve ses racines dans la convoitise
Kleinbettingen, Fontoy, Moyeuvre-Grande et Amanvillers. et la jalousie de ses ennemis. Une fois n’est pas n’est pas
Mais les difficultés s’accumulent : lignes surchargées, coutume, le directeur de l’EL déconseille formellement
personnel insuffisant, machines en panne, attaques de recourir à toute forme de communication adminis-
aériennes… Pendant ce temps, nombre de rumeurs cir- trative, mais, au contraire, de favoriser un bon mot au
culent parmi les cheminots : on annonce un cessez-le-feu bon moment…
imminent, on murmure que certains hauts-fonction-
naires du réseau prépareraient déjà leurs bagages… Bodenstein prépare déjà l’Armistice et l’arrivée des
Français. Il suppose que ces derniers vont maintenir
Le président de l’EL doit réagir et tenir ses hommes. Le provisoirement le personnel EL en place, et que de nom-
15 octobre 1918, Bodenstein rédige une lettre à l’atten- breux cheminots resteront fidèles à l’Empire. Aussi, il
tion des principaux responsables du réseau, à l’excep- met tout en œuvre pour que les fonctionnaires restent à
tion de ceux basés au Luxembourg et à Bâle. Le ton est leur poste, car, d’un point de vue diplomatique, une fuite
grave : le président annonce que le réseau vit des heures massive serait au désavantage de l’Allemagne.
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