Page 41 - Les chemins de fer impériaux d'Alsace-Lorraine (extraits)
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LA GUERRE ET LA FIN DU RÉSEAU
Le 9 novembre, l’Empire vacille à son sommet : le chan- Le 11 novembre 1918, les belligérants prennent place
celier Max von Baden annonce l’abdication du Kaiser. à bord du wagon-restaurant CIWL n°2419 garé dans la
Ce dernier, en résidence au quartier général de Spa en forêt de Rethondes afin de signer un armistice – c’est-à-
Belgique, prend la fuite à bord du train impérial et rejoint dire le cessez-le-feu. La convention d’Armistice prévoit à
la Hollande. son article VII : « Les voies et moyens de communication de
toute nature, voies ferrées, voies navigables, routes, ponts,
télégraphes, téléphones, ne devront être l’objet d’aucune
Le même jour, des marins de la Kriegsmarine, dans
détérioration. Tout le personnel civil et militaire, actuelle-
laquelle servent près de 16 000 Alsaciens-Lorrains,
ment utilisé, y sera maintenu. Il sera livré aux puissances
lancent une mutinerie dans le port de Kiel, dans le nord
associées : 5 000 machines montées et 150 000 wagons
de l’Allemagne. Rapidement, la rébellion se transforme
en bon état de roulement et pourvus de tous rechanges et
en une Révolution socialiste qui gagne tout l’Empire. Les
agrès nécessaires, dans les délais dont le détail est fixé à
mutins tentent d’organiser leur mouvement en créant
l’annexe n° 2 et dont le total ne devra pas dépasser trente et
des Conseils de soldats et d’ouvriers. Dans la nuit du 9
un jours. Il sera également livré 5 000 camions automobiles
au 10 novembre, les premiers trains de marins mutinés
en bon état, dans un délai de trente-six jours. Les chemins
arrivent à Strasbourg et Metz. Des Conseils s’établissent
de fer d’Alsace-Lorraine, dans un délai de trente et un jours,
dans les principales villes et centres industriels d’Alsace-
seront livrés, dotés de tout le personnel et matériel affectés
Lorraine. Le drapeau rouge est hissé sur les monuments.
À la gare de Sarrebourg, le chef de gare défend le dra- organiquement à ce réseau (…) »
peau impérial revolver à la main et tente de dissuader
les mutins. Dans la confusion générale, les portes des Le même jour, les Conseils d’ouvriers et de soldats pro-
prisons sont ouvertes, les militaires gradés sont pris à clament la république — indépendante — d’Alsace-
partie et les scènes de pillage se multiplient. Lorraine. Pendant ce temps, les élus du Parlement d’Al-
sace-Lorraine ne restent pas inactifs : le Parlement se
constitue en Conseil national (Nationalrat) et se déclare
seul détenteur de la souveraineté populaire. Il nomme
une commission administrative dont Eugène Ricklin,
devient le président. Le 12 novembre, le Nationalrat
déclare la souveraineté de l’Alsace-Lorraine.
Lorsque les troupes françaises entrent en Alsace-Lorraine, l’une
des premières mesures de la Commission des Chemins de fer de
Campagne est d’isoler l’Alsace-Lorraine du reste de l’Empire. Le
21 novembre 1918, plus aucun train ne doit circuler. Les ponts
sur le Rhin sont fermés, gardés jour et nuit par les soldats fran-
çais. La mesure préfigure la future politique française en Alsace-
Lorraine qui fera d’une voie de passage naturelle, un glacis poli-
tique et économique.
Am 21. November 1918 – kurz vor dem Einzug - befiehlt die fran-
zösische Feldeisenbahnkommission, den Eisenbahnverkehr in
Elsaß-Lothringen zu unterbrechen. Sämtliche Rheinübergänge
werden geschlossen und militärisch bewacht. Elsaß-Lothringen
wird vom deutschen Reich abgeschottet.
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