Page 15 - Les chemins de fer impériaux d'Alsace-Lorraine (extraits)
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LE TRAFIC DES VOYAGEURS
En 1907 entre en vigueur une importante réforme tari- À partir du service d’été 1901, la ligne Strasbourg –
faire. Afin de réduire les effets néfastes de la concur- Mommenheim – Sarreguemines est traversée par des
rence, un tarif kilométrique unique est fixé pour tous trains rapides Strasbourg – Sarreguemines, prolongés
les réseaux. La réforme introduit également une classi- l’année suivante jusqu’à Trêves et Cologne par la ligne
fication des trains rapides, on distingue désormais les de l’Eifel.
Schnellzug (trains rapides) et les Eilzug (trains directs).
Les Schnellzug sont constitués en majorité, voire en En direction du Sud cette fois-ci, deux nouvelles liai-
intégralité (D-Zug), de voitures à intercirculation. Ils sons internationales directes apparaissent lors du ser-
circulent sur de grandes distances, nécessitent le paie- vice d’été 1900. La première relie Mulhouse à Lyon via
ment d’un supplément et ne comportent pas forcément Montreux-Vieux. La seconde offre à l’Alsace un nouveau
de places de troisième classe. Les Eilzug sont, eux, com- débouché vers les ports hollandais. C’est une petite révo-
posés de voitures à portières latérales des trois classes. lution car, jusqu’alors, ce type de trains était l’apanage
Ces trains sans supplément relient des grands centres des réseaux de la rive droite du Rhin.
urbains régionaux et s’arrêtent plus fréquemment
que les Schnellzug.
Enfin, au service d’été 1909, l’EL met en place une rela-
tion directe entre Colmar et Ulm via Breisach – Freiburg
Les années 1890 marquent un renforcement du mail- – Donaueschingen (Höllentalbahn). Ce train rapide
lage du réseau. Ainsi, la mise en service du pont sur le comporte une particularité intéressante puisqu’il doit
Rhin près de Roppenheim et de la ligne Strasbourg être tracté par une locomotive à crémaillère entre
– Mommenheim – Sarreguemines (1895) permet de Hirschsprung – Hinterzarten lors de sa traversée de
court-circuiter les chemins de fer palatins sur certaines la Forêt Noire.
liaisons entre l’Alsace-Lorraine et le reste de l’Allemagne
méridionale. D’ailleurs, l’EL s’empresse de créer un train
Sur le plan quantitatif, l’évolution du trafic direct et
direct Metz – Sarreguemines – Kalhausen – Haguenau –
du transit est exceptionnelle. Lors de la première
Rastatt – Karlsruhe – Nuremberg / Munich. De même, elle
décennie du nouveau siècle, le nombre de trains s’étoffe
met en place un nouveau train rapide reliant Strasbourg
considérablement. Le nombre de passagers du trafic
à Nuremberg et Munich par le pont de Roppenheim,
direct et de transit s’envole : de 980 000 en 1873, il passe
réduisant ainsi la part kilométrique des chemins de fer
à 1 880 000 en 1890 et atteint 5 500 000 en 1909, soit
badois sur cette relation.
un triplement lors des 20 dernières années. De surcroît,
contrairement à ce que l’on constate pour le trafic local,
l’évolution des recettes suit scrupuleusement l’évolution
du trafic. En conséquence, la part du trafic direct et
du transit dans les recettes s’accroît. En 1909, le trafic
national et international représente près d’un tiers des
recettes du trafic des voyageurs. Cela en fait un secteur
stratégique pour l’EL.
Non loin de Vendenheim, un panache de fumée émerge de la À l’orée de la guerre, le réseau EL est désormais soli-
forêt : une T17 emmène, en double-traction avec une S5, un dement ancré dans les grands axes du trafic ferro-
train de voyageurs composé de voitures à portières latérales, viaire européen. Le transport ferroviaire de voyageurs
reconnaissables à leurs longs marchepieds. Juste derrière les
deux machines, avant même le fourgon, on distingue nette- en Alsace-Lorraine atteint son apogée. En 1913, il est
ment un wagon marchandises dont la livrée blanche laisse pen- possible de se rendre sans changement de Strasbourg
ser qu’il transporte des denrées périssables. Si l’on excepte la jusqu’à Vintimille, Dresde, Berlin, Milan, Hambourg,
double-traction – dont l’usage est relativement exceptionnel – Amsterdam, Cologne, Ostende, Paris, Bruxelles,
cette vue donne une image fidèle des trains de voyageurs circu- Constantinople, Budapest, Vienne, Cologne, Calais,
lant sur les lignes principales de l’EL et dont la course s’achève Lyon… Qu’en est-il aujourd’hui ?
souvent dans la gare d’un des réseaux voisins (Bâle, Sarrebruck,
Ludwigshafen...).
Bei Vendenheim, nördlich von Straßburg, ziehen eine T17 und
eine S5 einen aus Abteilwagen gebildeten Personenzug. Zwischen
den Lokomotiven und dem Packwagen ist ein Eilgutwagen ange-
hängt. Da solche Personenzüge keine große Herausforderung
für eine S5 bilden, wurde wahrscheinlich die T17 nur als
„Leervorspann“ beigegeben.
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