Page 14 - Les chemins de fer impériaux d'Alsace-Lorraine (extraits)
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LE TRAFIC DES VOYAGEURS
Le trafic national et international Pour mieux comprendre le progrès apporté par les
« D-Zug », il faut rappeler que, jusqu’alors, les trains
rapides sont composés de voitures à portières latérales.
Les années 1890 marquent le début d’une forte crois-
sance du trafic à grande distance sur le réseau EL. Ce Il y est impossible de changer de compartiment — et
développement s’accompagne de l’apparition d’un maté- encore moins de voiture — car les compartiments ne
riel roulant spécifique et d’une augmentation sensible communiquent pas entre eux. Avec le D-Zug, les voya-
des vitesses commerciales. geurs peuvent désormais circuler dans tout le train et il
est enfin possible d’incorporer des voitures-restaurant.
Dans le D-Zug, les voitures peuvent être nettoyées durant
Abordons tout d’abord les aspects qualitatifs du trafic
le voyage par des femmes de ménage. Jusqu’alors cette
national et international.
opération ne pouvait s’effectuer qu’au terminus. Autre
nouveauté: la numérotation des places. Désormais, les
er
Le 1 mai 1892, les chemins de fer prussiens inaugurent
voyageurs peuvent réserver à l’avance une place assise
sur la relation Berlin – Cologne le premier D-Zug en
selon leurs critères de choix (fenêtre, couloir, fumeur,
Europe. D-Zug est l’abréviation de Durchgangswagenzug,
non-fumeur, etc.).
ce que l’on peut traduire par « train de voitures à inter-
circulation ». Le D-Zug est en effet exclusivement com-
posé de véhicules à bogies comportant des couloirs et En contrepartie de ce confort accru et de ces nouvelles
des passerelles permettant aux voyageurs de circuler prestations, un supplément est prélevé sur le prix du bil-
entre les voitures. En fait, ce type de train s’inspire clai- let ordinaire. Cette mesure incite les voyageurs accom-
rement des trains de luxe comme l’Orient Express dont plissant un court trajet à se reporter vers d’autres caté-
il reprend les principes généraux d’aménagement et de gories de trains. Les passagers au long cours y gagnent
conception, sans toute fois en atteindre le faste. À l’ori- ainsi en calme et en confort.
ère
gine, un D-Zug ne comporte que des places de 1 et de
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2 classe, mais rapidement des voitures de 3 classe sont Sur le réseau alsacien-lorrain, les premiers « D-Zug »
intégrées dans certains trains. circulent vraisemblablement à partir de 1897, date de
livraison des premières voitures à intercirculation EL.
L’introduction de ces nouveaux trains est très progres-
sive. Ainsi, en 1904, on ne compte que six D-Zug, dont
quatre sur la relation Bâle – Berlin et deux autres sur la
relation Bâle – Cologne – Amsterdam. Quatre ans plus
tard, en 1908, leur nombre a explosé et atteint désormais
la quarantaine.
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