Page 5 - Les chemins de fer impériaux d'Alsace-Lorraine (extraits)
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L’acquisition des terrains s’avère particulièrement diffi-
cile, à tel point que le législateur doit modifier le cadre
juridique des expropriations et voter une nouvelle loi, le
3 mai 1841. Il faut dire que, dans la plupart des cas, les
jurys d’expropriation proposent des sommes deux à trois
fois supérieures à la valeur réelle des terrains.
Les travaux se déroulent en un temps record : le tron-
çon Benfeld – Colmar est ouvert le 19 octobre 1840, soit
à peine deux ans et demi après l’attribution de la conces-
sion. Les tronçons Mulhouse – Saint-Louis, Benfeld –
Strasbourg et Mulhouse – Colmar sont livrés à la circu-
er
lation respectivement le 26 octobre 1840, le 1 mai et
le 15 août 1841. Le dimanche 19 septembre 1841, à six
heures et cinquante minutes, le train inaugural, composé
de 24 voitures et deux locomotives quitte l’embarcadère
de Koenigshoffen avec ses invités et prend la direction de
Mulhouse où un grand banquet a été dressé.
Toutefois, du fait de la réticence des autorités mili-
taires, la ligne ne pénètre pas encore dans les villes de
Strasbourg et Bâle. Il faut attendre l’année 1844 pour que ▲ Nicolas Koechlin (1781 - 1852), industriel et père des che-
le chemin de fer atteigne les deux métropoles rhénanes. mins de fer d’Alsace. Dans ses jeunes années, Koechlin se forme
à Hambourg et Amsterdam puis revient en Alsace. En 1802, il est
à la tête de l’indiennage qui devient, en 1806, Nicolas Koechlin
& Frères. En 1807 il crée la deuxième filature de coton d’Alsace
à Masevaux. Deux ans plus tard, en 1809, il ouvre une fabrique
d’impression sur tissu à Lörrach. En 1820, il construit une fila-
ture dans la Cour de Lorraine à Mulhouse. Il se lance ensuite dans
l’aventure ferroviaire avec la construction des lignes Mulhouse
▼ Alors que la construction de la ligne Strasbourg – Bâle n’est pas – Thann (1839) et Strasbourg – Mulhouse – Bâle (1844). Nicolas
encore totalement achevée, Frédéric-Emile Simon et Théodore Koechlin décède le 15 juillet 1852, quelques jours avant l’inaugu-
Müller éditent, en 1841, une série de quatorze lithographies inti- ration de la ligne Paris – Strasbourg, œuvre de son concurrent, la
tulée « Panorama des Vosges et du chemin de fer de Strasbourg Compagnie du chemin de fer de Paris à Strasbourg.
à Bâle / Dessiné d’après nature par E. Simon et Th. Müller ». Ils y
représentent la nouvelle ligne de chemin de fer traversant la cam- Nikolaus Köchlin (1781–1852), Vater der elsässischen
pagne alsacienne avec les Vosges en coulisse. La lithographie que Eisenbahnen, ist ein Mülhauser Unternehmer, der ursprünglich
nous voyons ici représente la partie de Barr à Dambach. in der Textilindustrie tätig war. 1839 baut Köchlin die Strecke
Mülhausen – Thann, die erste Eisenbahn im Elsaß. Vier Jahre spä-
Panorama der Vogesen und der Eisenbahnlinie von Straßburg ter (1844) vollendet er die Hauptstrecke Straßburg – Basel, die
nach Basel, gezeichnet von F. E. Simon und Th. Müller (1841). Hier sowohl die erste grenzüberschreitende Eisenbahn in der Welt ist,
ist der Abschnitt zwischen Barr und Dambach dargestellt. als auch die erste Eisenbahn in der Schweiz.
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